Interview Léo Tamaki : la voie/voix intérieure

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LT_40En dehors du fait d’avoir le sens de l’humour (voir l’interview people précédente), j’apprécie Léo Tamaki pour son regard sur le monde du Budo, sa connaissance des disciplines, des réalités du monde des arts martiaux et de ses pratiquants. Mais aussi bon pratiquant est-on, la recherche fondamentale de chacun tourne toujours autour du concept socratique qui énonce « connais-toi toi-même ». Dans cette seconde interview, toutes les questions sont tournées de façon à ce que Léo ne puisse répondre autrement qu’en faisant une introspection de lui-même. Je vous laisse juger des réponses, qui à mon sens, sont à la hauteur de l’homme.

 

Cela fait 25 ou 30 ans que tu suis la voie du Budo. Te sens-tu mûrir dans ta pratique ?

Ma conception des pratiques martiales, mes réflexions sur leur nature, mes objectifs pratiques et mon approche technique ont évolué et changeront probablement encore. Cela passe par des erreurs, des tâtonnements mais globalement je suis satisfait de la direction que cela prend.

Qu’est-ce qui t’a fait grandir ?

Le parcours d’un pratiquant est le résultat de ses rencontres et de ses expériences. J’essaie de multiplier les deux. J’ai eu beaucoup de chance et je crois avoir su les saisir lorsqu’elles passaient.

Dans ton travail d’aïkido, on sent l’apport des autres disciplines que tu étudies, mais tu ne mélanges jamais dans l’enseignement. Comment tu t’en sors pour ne pas être tenté de faire des mélanges ? 

L’Aïkido est au cœur de ma recherche par son esprit et ses techniques. Cela dit il convient de préciser que si ce sont bien sûr les valeurs d’Osenseï qui me guident, techniquement ma référence est Tamura senseï. Non pas que j’estime sa pratique supérieure à celle de son maître, simplement je ne peux concevoir que l’on se revendique, autrement que pour la filiation, d’un adepte que l’on n’a jamais rencontré et dont on n’a pas reçu l’enseignement.

Les techniques martiales ne sont qu’un support. Correctement enseignées elles permettent de modifier l’utilisation du corps. La même technique exécutée différemment mais même simplement sous-tendue par une intention ou une conscience différente ne produira pas le même effet dans ce processus. Etant donné que ce ne sont pas des choses que l’on peut voir en vidéo ou sur des photos, tout du moins à mon niveau, je considère que ce serait déplacé de dire que je suis, ou pire encore, pratique l’Aïkido d’Osenseï. Sans doute est-ce le cas car Tamura senseï transmet l’enseignement de son maître malgré l’évolution de sa forme, sans doute n’a-t-il conservé que l’esprit de sa discipline et a-t-il fait évoluer sa pratique. Les seuls qui peuvent répondre à cette question sont ceux qui ont pratiqué avec Osenseï et Tamura senseï. Je n’en fais malheureusement pas partie. (rires)

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A vrai dire je conçois toujours la pratique comme un tout, un processus d’éducation de l’homme par le biais de techniques martiales qui aboutit à une modification en profondeur de l’utilisation du corps et de l’esprit. A ce titre le travail de l’Aïkido, du Shinbukan, de l’Aunkaï, du Hino budo ou auprès de Kono senseï se rejoint à mes yeux. Bien entendu certaines écoles ont des spécificités qui rendent leurs pratiques conjointes difficiles. Ce n’est pas, d’après ce que j’en comprends, le cas de celles que je suis.

Cela étant une discipline martiale est un système qui doit être cohérent, tant dans ses concepts que dans son expression technique. C’est pourquoi même lorsque je retrouve des principes dans d’autres pratiques je n’introduis pas de nouvelles formes techniques dans mon Aïkido. Non pas que cela soit une erreur, une discipline est destinée à évoluer et des maîtres tels que Nishio ou Yamaguchi l’ont d’ailleurs prouvé avec brio, mais tout simplement parce que je ne me sens pas encore assez mûr pour cela. Mes pratiques annexes me permettent donc de travailler certains principes sous d’autres angles et souvent de mieux les comprendre grâce à ce nouvel éclairage, ainsi que parfois d’en découvrir d’autres. C’est tout et c’est déjà énorme.

La recherche du vide est un pilier de ta pratique, recherche que l’on sent inspiré par Tamura Senseï que tu connais bien. Comment concilies-tu cela avec le travail du plein que propose l’Aunkaï ? N’est-ce pas antagoniste ou comme un retour en arrière dans ta recherche ?

La recherche du vide est effectivement l’un des piliers ma pratique. Techniquement il est clair que ce n’est pas le propos, du moins dans ce que j’en perçois actuellement, de l’Aunkaï. Le Bujutsu d’Akuzawa senseï est, comme tu le remarquais dans un de tes articles, l’expression la plus forte du Yo (Yang). Il a une conception extrême du combat qui se traduit techniquement par le fait que la relation par rapport au partenaire a une importance minime. Il ne cherche pas à agir par rapport à lui, à lire son intention ou même à effacer la sienne. Dès lors qu’il passe en mode « on » il se transforme « simplement » en ouragan qui dévaste tout sur son passage. Comme il le répète souvent, peu importe la partie de son corps qui touche et celle de l’adversaire qui sera touchée. Et ceux qui ont eu l’occasion de le côtoyer savent qu’effectivement la destruction sera au rendez-vous.

Je pense qu’une des raisons qui sous-tendent les conceptions d’Akuzawa senseï est qu’il n’a jamais étudié et pratiqué le sabre. Sa pratique est essentiellement un travail de Taïjutsu visant à faire face à des adversaires à mains nues. Personnellement je base ma recherche sur la pratique du sabre, considérant toujours même à mains nues que les adversaires sont armés. Ainsi les choix techniques peuvent difficilement être exactement les mêmes. Cela dit je pense que dans l’esprit Akuzawa senseï est très proche des bushis. Son Bujutsu va bien au-delà d’un jeu ou d’un loisir.

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Concrètement le travail de l’Aunkaï m’apporte beaucoup, notamment en terme de conscience du corps, travail de l’unité et renforcement de la structure, choses qui ne s’opposent absolument pas à un travail sur le vide. En simplifiant je dirai que j’apprécie beaucoup le travail de la capacité à absorber l’énergie du partenaire mais que la génération de force m’intéresse moins. Cela dit je dois avouer que je l’apprécie et que l’augmentation notable de la puissance de mes frappes m’a procuré un plaisir enfantin. On ne se refait pas. (rires)

Par ailleurs il faut noter que, même si cela ne se traduit pas de la même façon du tout, Akuzawa senseï répète souvent comme Kuroda senseï qu’il ne faut pas pousser dans le sol, qu’il utilise peu (et j’ai l’impression de moins en moins) de vrilles, et que le travail de la structure se rapproche par certains côtés du principe juntaï du Shinbukan. Ce qui fait que la pratique de l’Aunkaï de la façon dont je la conçois actuellement ne s’oppose pas avec les autres enseignements que je suis et est même susceptible de les améliorer dans une certaine mesure. Et vice-versa.

A rencontrer toutes sortes de maîtres, à mieux connaître les racines des arts martiaux et leur histoire, n’as-tu pas eu envie de revenir vers les arts chinois qui sont à la source des budo japonais ? 

Tout d’abord il faut noter que je ne suis pas du tout un spécialiste de l’histoire des arts martiaux. J’en connais probablement bien plus que le pratiquant et même l’enseignant moyen mais je ne suis qu’un amateur vaguement éclairé sur le sujet.

Concernant les arts martiaux chinois ils ont probablement eu une grande influence sur les pratiques martiales japonaises. Cela dit les spécialistes eux-mêmes ne s’accordent pas sur sa portée. Quelle qu’elle ait été l’importance des arts martiaux chinois dans la genèse de leurs arts martiaux, les japonais ont intégré et  digéré cette influence pour en faire quelque chose de nouveau, personnel et particulier. Aussi je ne suis pas certain qu’après des siècles d’évolution l’étude des arts martiaux chinois apporte beaucoup à la compréhension des budos.

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Durant mon adolescence j’ai d’ailleurs pratiqué le Kung-Fu pendant plusieurs années. Tout d’abord une forme moderne simplement appelée Kung-fu Wu-shu puis l’école de Chang Dsu Yao. J’y ai pris beaucoup de plaisir et j’en garde de bons souvenirs. C’était très physique et cela me convenait parfaitement. Le temps passant je suis retourné vers les arts martiaux japonais. Au-delà des débats stériles sur l’efficacité de tel style ou des arts de telle origine il faut noter que les pratiques martiales sont surtout marquées par la culture qui leur a donné naissance. Cela imprègne leur philosophie et leur esthétique et je pense que c’est un point qui doit être pris en compte lorsque l’on décide de s’investir dans une discipline. Personnellement la sobriété des pratiques martiales japonaises est quelque chose que j’apprécie particulièrement.

Dans ta pratique, on voit bien les mouvements terre-ciel, les flux et les reflux, pourtant tu n’expliques jamais la théorie qui se cache derrière tout ça (yin-yang, les mouvements de l’énergie, etc). Pourquoi ?

Il y a à cela deux raisons. La première est que, qu’on le veuille ou pas, nous restons très influencés par la façon dont nos maîtres transmettent. Tamura senseï, Kuroda senseï, Kono senseï, Hino senseï ou Akuzawa senseï n’utilisent jamais de termes métaphysiques dans leur enseignement et c’est donc quelque chose de naturel pour moi.

La seconde est que ce sont des termes qui sont abstraits pour la très large majorité du public auquel je m’adresse. Par exemple pour beaucoup les terme In/Yo ou Yin/yang sont abstraits et ne font pas partie de leur quotidien. Alors que leur utilisation permettait une communication et une transmission efficace entre le maître et les élèves à une époque et dans un lieu donné, il me semble qu’elle ne ferait que les compliquer à notre époque.

On dit que l’aïkido est une méditation en mouvement. Est-ce qu’avec les années et la profondeur de l’étude, tu sens s’ouvrir d’autres voies de travail ou de réflexion qui sortent du champ martial ? Si oui lesquelles ? Si non, pourquoi ?

Les voies martiales n’ont pour moi d’intérêt que dans le sens où elles offrent une ouverture sur le monde. Je pense que les budos doivent être plus, et non pas autre chose, que des techniques de combat. Elles doivent nous amener à vivre mieux, plus pleinement.

L’esprit humain ne peut percevoir le monde tel qu’il est. Sans doute les éveillés ont-ils cette capacité. Ou sans doute ont-ils plutôt une véritable conscience de la partialité de leur perception. Quoi qu’il en soit nous percevons le monde à travers notre culture, notre éducation, nos expériences, notre travail, notre religion, etc… Et les voies martiales qui sont un chemin vers l’éveil sont aussi une grille de lecture du monde. Elles permettent de donner un sens aux phénomènes, de les concevoir sous un certain angle et surtout, de mieux interagir avec elles. N’est-ce pas ce que dit Miyamoto Musashi lorsqu’il écrit « J’ai appliqué les principes de la tactique (dans le sens de technique, voie martiale) à tous les domaines des arts. En conséquence, dans aucun domaine je n’ai de maître. ».

La pratique martiale sous-tend chaque instant de mon existence. Non pas que je pense en permanence à tuer ou éviter d’être tué, mais les qualités qu’elle développe et la relation au monde qu’elle enseigne sont à la base de chacun de mes actes. En ce sens quelle que soit l’activité à laquelle je m’adonne je considère que ce n’est qu’une expression de ma pratique.

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L’Aïkido est pour moi un trésor parce que Ueshiba Moriheï a transformé une technique guerrière en art de paix fondé sur la compassion. La vie est une lutte permanente pour la survie. La façon dont on aborde les combats auxquels nous sommes confrontés est d’une importance primordiale et je ne peux imaginer meilleure vision à partager que le message d’Osenseï.

En tant qu’enseignant, quelle est la chose qu’il te paraît important, voire cruciale, de transmettre à tes élèves ? Des qualités techniques, physiques, mentales ou morales ?

Il y a bien sûr des points techniques qui me semblent importants, des choix que j’ai fait qui guident ma pratique et qu’il est nécessaire de respecter pour ceux qui désirent travailler dans la même direction que moi.

Mais je crois que l’essentiel est de donner envie aux gens de s’améliorer, de pratiquer dans la joie l’esprit ouvert. Je ne crois pas avoir jamais abordé de questions de morale en cours. D’une part parce que je ne suis pas certain que cela soit le lieu adéquat, d’autre part parce que je ne me sens pas légitime à le faire. Je suis encore jeune et j’espère simplement ne pas donner trop mauvais exemple. (rires)

Les pratiquants d’aïkido sont réputés pour n’être pas taillés pour une mise en situation réelle de leurs techniques. Penses-tu qu’il faille, d’une manière générale, passer par le combat pour améliorer la pratique au quotidien ?

Je crois en effet que l’Aïkido tel qu’il est enseigné aujourd’hui est l’un des arts martiaux les moins efficaces qui soient en combat. Cela ne me réjouit pas mais ce n’est pas si grave si ses enseignants et pratiquants en sont conscients. En revanche, il n’y a rien de plus dangereux que les personnes qui jouent au samouraï et développent un sentiment de sécurité dans une pratique aseptisée et sans danger. La confrontation à la réalité peut s’avérer douloureuse et dramatique.

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Iimura senseï, un shihan 8° dan qui fit sa carrière dans l’armée disait à la fin des années 90 que dans le passé les premiers dans d’Aïkido étaient bien plus forts que les shodans de Karaté ou de Judo mais qu’à présent ils étaient de loin les plus faibles! Et je pense qu’en terme de généralité il avait raison.

A titre personnel je considère l’Aïkido comme une voie martiale. En tant que Voie son but va au-delà de l’apprentissage d’une technique de combat. En revanche je pense que pour en tirer les bénéfices il faut qu’il conserve sa nature martiale et donc sa capacité à être efficace dans une confrontation. Paradoxalement pourtant je ne pense pas qu’il faille combattre souvent. Lorsque l’on combat régulièrement on développe généralement des règles, même si ce n’est qu’implicite. Et peu à peu l’égo des pratiquants prend le dessus, chacun s’employant à vaincre en utilisant des règles qui n’existent pas en dehors du dojo. Par ailleurs la modification de l’utilisation du corps est un processus long et difficile. Lorsque l’on combat trop tôt les progrès effectués dans ce changement disparaissent et l’on retombe dans l’utilisation « banale » qui est la plus efficace tant que les « transformations » n’ont pas été pleinement intégrées.

Je pense que le combat est important à partir d’un certain niveau. Mais très peu de personnes atteignent aujourd’hui l’étape où cela devient nécessaire. Maintenant si l’on parle de self-défense c’est autre chose. Il n’est pas nécessaire de chercher la modification de l’utilisation du corps et il est important de faire des mises en situations régulières. Le problème est de ne pas confondre les deux. L’assurance et le sentiment d’efficacité que développe la pratique régulière d’une self-défense peuvent être un frein pour ceux qui ne comprennent pas la différence d’exigence et ne sont pas capables de séparer ces pratiques.

On peut dire que tu étudies un gendai budo (aunkaï), un shinbudo (aïkido) et un kobudo (Kuroda ryu). Qu’est-ce que ces différentes méthodes d’enseignement t’apportent ?

La différence principale dans la transmission de ces méthodes est l’ouverture. Kuroda senseï enseigne dans un cadre fermé, uniquement aux membres acceptés dans son école, Tamura senseï enseigne en public mais ne transmet qu’à une minorité et Akuzawa senseï enseigne à chacun sans distinction. Bien entendu leurs pédagogies sont différentes mais je ne saurais dire dans quelle mesure cela a trait à leur personnalité ou à leur discipline.

En revanche le point commun de ces maîtres est d’enseigner les secrets de leur école dès le début. En contrepartie leur exigence quand au respect des points fondamentaux qui sous-tendent leur enseignement est immédiate.

Tu es maintenant connu en France, et peu à peu en Europe, comme celui qui prône le retour aux sources ou tout du moins aux valeurs du Budo. Sens-tu les choses progresser dans le bon sens et selon ton désir ?

Je pense que je suis en partie à l’origine de la vague actuelle de la modification de l’utilisation du corps bien que je n’ai pas créé quoi que ce soit ou même découvert qui que ce soit. Maître Kuroda était connu en France depuis un certain temps grâce aux écrits de Tokitsu senseï et Uemura senseï et les maîtres Kono et Hino étaient très connus au Japon. Simplement j’ai donné de l’audience à leurs pratiques et leurs théories grâce à des articles publiés dans des revues spécialisées et surtout internet. Je crois que sans chercher à exagérer mon rôle ou le minimiser j’ai simplement parlé de certaines choses au bon moment en utilisant les bons médias, rien de plus.

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Bien sûr je suis heureux que tous les maîtres que je suis et fais venir en Europe rencontrent le succès. Parce que les aider à développer leurs écoles est la moindre des choses que je puisse faire pour les remercier de leur enseignement, mais surtout de façon très égoïste, parce que cela me permet d’avoir de nombreux partenaires d’entraînement travaillant dans la même direction. (rires)

Cela dit j’ai bien conscience qu’une recherche aussi difficile et souvent austère restera toujours marginale. Mais c’est aussi bien ainsi.

Quel sens donnes-tu au fait d’être vivant et d’être humain ?

Mon père est japonais et il n’est pas du genre à faire de longs discours philosophiques mais je me rappelle très précisément d’une brève discussion que nous avons eue lorsque j’avais seize ans. Il m’a dit: « La vie est courte. Il faut en profiter et essayer de s’amuser à chaque instant. ». C’est une leçon que je n’ai jamais oubliée.

Pour moi la vie est un formidable instant dont j’essaye de profiter à chaque moment. Loin de l’image du pratiquant austère qui vit dans la peine et la souffrance, la pratique est ma plus grande joie.

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Ivan Bel

Depuis 30 ans, Ivan Bel pratique les arts martiaux : Judo, Aïkido, Kenjutsu, Iaïdo, Karaté, Qwankido, Taijiquanet Qigong. Il a dirigé le magazine en ligne Aïkidoka.fr, puis fonde ce site. Aujourd'hui, il enseigne le Ryoho Shiatsu et la méditation qu'il exerce au quotidien, tout en continuant à pratiquer et écrire sur les arts martiaux du monde entier.

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